Pleins feux sur : Tania Bertrand 

Mordre dans la vie, plutôt que de se contenter de vivre! 

Février 2023

Tania Bertrand

En 2011, j’étais alors âgée de 42 ans et je venais de commencer à pratiquer le kickboxing.  


Après quelques semaines, j’ai ressenti une douleur au dos et j’ai cru m’être étiré un muscle. Ma douleur au dos s’est toutefois aggravée au cours des deux semaines qui ont suivies. J’ai pris rendez-vous avec mon médecin de famille qui m’a prescrit un analgésique.

  

Je suis retournée voir mon médecin de famille environ quatre fois en trois semaines et à chaque visite, on me prescrivait des analgésiques différents.

Ma douleur au dos était insoutenable. J’avais si mal que j’étais incapable de dormir dans mon lit avec mon conjoint et devais dormir sur le canapé. Désespérée, je me suis rendue au service des urgences où l’on m’a diagnostiqué une hernie discale. J’ai reçu une injection de Demerol, puis on m’a renvoyé à la maison. 

Cela faisait maintenant presque un mois depuis les premiers symptômes de la douleur. Alors que je croyais que ma douleur ne pouvait s’empirer, j’avais tort. Comme je prenais près de cinq heures pour me lever du canapé, j’ai commencé à dormir dans notre fauteuil Lazy Boy. J’avais le sentiment que la douleur n’était pas reliée à une hernie discale, alors je me suis présentée à nouveau au service des urgences. 

J’ai attendu près de six heures. On m’a dit qu’il s’agissait de calculs rénaux (communément appelés pierres aux reins), puis on m’a administré une injection de Demerol avant de me renvoyer à la maison. Quelques jours après cette visite, j’étais incapable de garder la nourriture et je ne pouvais bouger en raison d’une douleur atroce au dos. J’ai perdu 15 livres en trois jours, alors que je ne pesais que 120 livres! Je ne pouvais même pas garder de l’eau. Comme mon conjoint était au travail, j’ai composé le 911. À leur arrivée à mon domicile, les ambulanciers m’ont informée qu’il serait inutile de me rendre à l’hôpital puisque le service des urgences était déjà très achalandé et que j’allais devoir attendre sur une civière dans le corridor.

Ce soir-là, ma fille Brittany insistait pour que je m’y rendre malgré tout. Je ne voulais pas réveiller mon conjoint Marc pour qu’il m’accompagne puisque je croyais qu’on allait devoir attendre possiblement des heures, simplement pour me faire renvoyer à la maison, alors qu’il devrait travailler le lendemain. J’ai donc demandé à mon fils Anthony de nous déposer Brittany et moi au service des urgences. Cette fois-ci, j’ai été immédiatement prise en charge, on m’a installé une intraveineuse, et les infirmières ont prélevé 21 fioles de sang.


Peu de temps après, le médecin m’a informé que j’étais peut-être atteinte d’un cancer et que j’étais en insuffisance rénale. Si je ne m’étais pas rendue à l’hôpital, j’aurais pu mourir.  

À partir de ce moment, les choses ont avancé rapidement : admission à l’hôpital, radiographies, IRM, ultrasons…! Si vous saviez à quel point il fut difficile de subir tous ces examens alors que je ressentais cette douleur. Puis, on a prélevé un échantillon de ma moelle osseuse. 

À 42 ans, j’étais hospitalisée, alitée et en couche lorsque j’ai appris que j’étais atteinte d’un myélome multiple, et qu’on espérait pour moi une rémission de deux à cinq ans.


Myélome multiple? Je n’avais jamais entendu parler de ce cancer auparavant!  

J’avais 3 fractures ouvertes à la colonne vertébrale et une tumeur dans l’une de ces fractures, ce qui expliquait ma douleur atroce. J’ai été hospitalisée pendant 21 jours et je ne pouvais obtenir mon congé jusqu’à ce que je sois en mesure de monter une marche d’escalier. Je suis finalement rentrée à la maison en fauteuil roulant avec un déambulateur. Les médecins se faisaient rassurants me disant que dès que je débuterais mes traitements de radiothérapie et que la tumeur rétrécirait, la douleur s’estomperait quelque peu.  

J’ai débuté mes traitements de radiothérapie, puis la chimiothérapie a suivi, et l’on m’a prescrit des stéroïdes qui ont provoqué une prise de poids de 70 livres.   


Je suis lentement passée d’un fauteuil roulant à un déambulateur, suivi d’une canne pour me déplacer. J’avais des rendez-vous à l’Hôpital Princess Margaret (à Toronto en Ontario) deux fois par semaine au début, et je recevais mes traitements de chimiothérapie à l’Hôpital Civic de Brampton. Les médecins avaient recommandé une chimiothérapie agressive en raison de mon jeune âge. 

De haut en bas : 2011 - six mois avant mon diagnostic; nouvellement diagnostiquée; 2012 - ma greffe de cellules souches; et six mois après ma greffe de cellules souches

Quatre mois plus tard, il n’y avait plus de traces de cancer dans mon organisme et le temps était venu de me préparer pour une greffe de cellules souches. Je me suis présentée pour le prélèvement de cellules souches, mais comme le personnel infirmier ne parvenait pas à trouver une bonne veine, je suis retournée à l’Hôpital général de Toronto, situé de l’autre côté de la rue, afin qu’on puisse insérer un tube (cathéter veineux central) dans mon cou. En une seule journée, une quantité suffisante de cellules souches pour deux greffes avait été prélevée! 

Comme je savais que les traitements de chimiothérapie avant ma greffe allaient me faire perdre mes cheveux, j’ai demandé à Brittany de m’aider à me raser la tête. Je souhaitais avoir le contrôle de quelque chose, et me raser la tête semblait tout indiqué!


J’ai reçu ma greffe de cellules souches le 1er mars 2012, et j’ai vécu l’enfer. J’ai été très malade et le fait de devoir rester à l’Hôpital Princess Margaret pendant deux semaines et demie a été très difficile. Puis en juin 2012, j’ai subi une vertébroplastie. Je crois que j’ai dormi pendant un an suite à ma greffe de cellules souches et ma vertébroplastie.  

Quelques mois après ma vertébroplastie, je pouvais enfin marcher sans ma canne! Par la suite, j’ai commencé un traitement d’entretien de 10 mg de Revlimid chaque jour que j’ai maintenu pendant neuf ans. La fatigue qui accompagnait le traitement au Revlimid était accablante, mais j’étais prête à composer avec cet effet secondaire si cela me permettait de demeurer en rémission. Trois ans après ma greffe de cellules souches, je me sentais à 70 % de mes capacités initiales, mais avec une douleur chronique au dos.

J’ai dû apprendre à accepter ma nouvelle condition.


Je ne pouvais plus porter de talons hauts ou faire autant de choses qu’auparavant dans la maison, et je n’avais plus le même niveau d’énergie.


Ce fut une période difficile, j’ai dû faire le deuil de la personne que j’étais et accepter la personne que j’étais devenue. 

À un concert avec mon conjoint Marc en 2020

Mes enfants, Anthony et Brittany, et moi en 2020

Maintenant onze ans plus tard, je suis toujours en rémission. Le traitement d’entretien au Revlimid a été interrompu il y a deux ans maintenant, ce qui est un peu angoissant! Je suis suivie par de formidables médecins : Dre Reece, spécialiste du myélome multiple (figurant dans le collage plus bas, rangée du haut, au centre), et Dre Hussain, mon incroyable oncologue.


J’ai demandé à la Dre Hussain depuis combien de temps, selon elle, j’étais atteinte d’un myélome multiple avant de recevoir mon diagnostic…elle a répondu environ 10 ans! 

Je suis récemment devenue membre de la communauté de Myélome Canada. Il y a quelques mois, j’ai mentionné à mon oncologue que je souhaitais m’impliquer bénévolement à l’étage des greffes de cellules souches pour offrir mon soutien à toute personne qui ressentirait le besoin de parler ou encore tout simplement pour m’asseoir avec eux. Mon oncologue était heureuse que je sois prête à offrir mon soutien aux autres patients qui traversaient une situation semblable à ce que j’avais vécu. Elle m’a remis les coordonnées d’Helen Mahshie, gestionnaire régionale, développement et engagement communautaire (Ontario) à Myélome Canada. J’ai communiqué avec Helen et l’équipe de Myélome Canada. 


Depuis, j’ai mis sur pied un groupe de soutien à Brampton, et nous avons tenu notre première activité Accueil et rencontre le 1er février 2023! 

Il y a 2 ans, j’ai finalement retrouvé et repris contact avec les membres de ma famille biologique après plus de 20 ans de recherche! 

Ma tante et moi, 2023

Ma famille, ma famille biologique et moi, janvier 2023

J’ai pris part aux Marches Myélome Multiple de l’Hôpital Princess Margaret, j’ai fait de l’autodune jusqu’au sommet d’une montagne au Mexique et de la plongée en apnée dans l’océan à Cuba, j’ai nourri des requins et des raies à Curaçao, j’ai traversé le pont supporté par des mains géantes au Vietnam et j’ai escaladé une petite montagne en Corée du Sud. Malgré tout, je conserve une douleur intense au dos, certains plats qui ne sont pas épicés ont toujours un goût épicé, j’éprouve une sensation de brûlure ou de picotement dans les pieds et les mains, et je ressens encore de la fatigue. Au fil des années, j’ai appris à ne pas me surmener.

Si j’avais un conseil à partager, ce serait de mordre dans la vie, plutôt que de se contenter de vivre.

Il est tout à fait normal de ne pas toujours être au meilleur de sa forme, et il ne faut pas hésiter à demander de l’aide.


Bon courage! 

Tania

Note du rédacteur: Pour trouver un groupe de soutien dans votre région, ou pour savoir comment en créer un, cliquez ici ou communiquez avec Michelle Oana, directrice du développement et relations communautaires à moana@myelome.ca.

Nous espérons que vous apprécierez rencontrer nos étoiles de la rubrique « Pleins feux » en 2023 et les autres membres de la communauté de Myélome Canada. La rubrique « Pleins feux » de notre infolettre « Manchettes Myélome » présente le témoignage et les réflexions de membres de notre communauté, qu’ils soient patients, proches aidants ou professionnels de la santé. Les opinions exprimées et partagées sont celles de la personne qui s’exprime. Nous reconnaissons que le parcours et l’expérience de chacun sont différents. 

 

À vous tous qui avez partagé votre témoignage par le passé, ainsi qu’à ceux qui le font encore aujourd’hui, nous vous sommes reconnaissants… vous êtes une source d’inspiration.  


Si vous souhaitez partager votre expérience dans une prochaine édition de « Manchettes Myélome », veuillez nous écrire à contact@myelome.ca.

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Mission de Myélome Canada : Dans le but d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches, l’organisme favorise l’engagement communautaire à travers différentes actions de sensibilisation, d’éducation, et de défense des droits, tout en appuyant le développement de la recherche clinique qui mènera à la guérison.