Pleins feux sur Kundan

Uppal-Dubinsky :

Redonner et être reconnaissante

Août 2022

Kundan Uppal-Dubinsky

J’ai reçu le diagnostic d’un myélome multiple à la toute fin du mois d’août 2016. J’avais alors 54 ans, mais je suis certaine que j’en étais déjà atteinte depuis au moins 2 ans.


En 2014, j’ai subi 2 fractures des vertèbres. Il était 2 h 30 le matin, je dormais, je me suis probablement retournée dans mon lit et je me suis réveillée avec des douleurs atroces. Mon mari George m’a immédiatement emmenée aux urgences.


Ils m’ont donné de la morphine et m’ont renvoyée à la maison. 

J’ai dû retourner aux urgences 4 fois avant qu’un médecin ne me fasse enfin passer une IRM, révélant mes deux fractures de vertèbres. Personne n’a pensé à ce moment qu’il pouvait s’agir d’un myélome multiple. Ils ont plutôt cru que je souffrais d’ostéoporose précoce, à 52 ans. Ils m’ont fait passer une ostéodensitométrie et d’autres examens de dépistage de l’ostéoporose, puis m’ont prescrit des médicaments hebdomadaires contre l’ostéoporose.

 

Je pouvais à peine marcher et j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider pendant que mon mari était au travail. Les fractures m’ont clouée au lit pendant 5 mois. Finalement, j’ai commencé à marcher avec un déambulateur, puis une canne. Il a fallu une année entière avant que je ne marche enfin normalement. J’ai pu recommencer à m’entraîner au gym, mais de façon beaucoup plus légère qu’avant. Mes fractures aux vertèbres ont entraîné le blocage d’un nerf dans la jambe et m’ont affaibli le dos. 

Au cours de l’été 2016, j’ai assisté à un mariage indien où il est de coutume de s’asseoir les jambes croisées sur le sol. Je n’ai pas pu garder la position plus de 20 minutes. J’étais tellement inconfortable que j’ai fini par aller m’asseoir sur le banc à l’arrière de l’église, comme me l’avait suggéré ma sœur.


Plus tard la même journée, j’avais des contractures dans les muscles fessiers simplement parce que je m’étais assise par terre pendant 20 minutes! Mon mari m’a emmenée aux urgences et les radiographies ont montré que j’avais deux fractures du sacrum et une fracture du bassin.

Mon chien et moi avec ma belle-sœur et mon

beau-frère à Crescent Beach en 2016.

Ce lundi-là, j’ai vu mon médecin de famille qui s’est inquiété et a fait des analyses de sang. Le taux de protéines dans mon sang avait atteint un niveau très élevé. C’est alors que mon médecin a envisagé la possibilité d’un myélome. Il a immédiatement prescrit une biopsie de la moelle osseuse et a pris rendez-vous pour que je rencontre un oncologue au cas où ses soupçons seraient fondés. Ils l’étaient. J’ai reçu le diagnostic d’un myélome et nous avons planifié le début de mon traitement.

Lorsque mon mari et moi sommes arrivés au premier rendez-vous avec l'oncologue, je me sentais complètement dépassée. Il fut difficile d’apprendre que j’étais atteinte d’un cancer inconnu. La panique s’est rapidement installée lorsqu’on m’a parlé de greffe de cellules souches de la moelle osseuse (ou plus simplement appelée greffe de cellules souches). C’était très effrayant. Il n’y avait personne à qui parler lorsqu’on m’a annoncé, dès ma première consultation, qu’il ne me restait que 5 à 7 ans à vivre. Je n’arrivais pas à y croire. Ça me semblait impossible. 

Il n’y a pas de cas de cancer dans ma famille. Je suis la première, je n’ai donc jamais pensé qu’une telle chose puisse arriver. Avoir un cancer du sang incurable, c’est très traumatisant. Et ce qui a aggravé la situation, c’est que je n’avais personne à qui parler et qui pouvait comprendre ce que je vivais. Ce n’est pas comme les autres cancers, et à l’époque, il n’y avait pas de réseaux de soutien près de chez moi.

Moi, en août 2017, après ma greffe de cellules souches.

En y repensant, pendant plusieurs années avant mon diagnostic, je me sentais très fatiguée, mais je ne m’en faisais pas trop. Je me disais que c’était normal, parce que je menais une vie active et que je vieillissais. Maintenant, je vois que c’était très probablement le début du myélome.


Une fois le diagnostic posé, j’ai fait six mois et demi de chimiothérapie intensive en vue d’une greffe de cellules souches de la moelle osseuse qui s’est déroulée le 24 mai 2017.


Avant de recevoir mon diagnostic en 2016, je n’avais jamais entendu parler du myélome multiple.

À l’hôpital, il n’y avait personne à qui parler. Le programme de sensibilisation de l’hôpital, qui met les patients en relation avec d’autres patients atteints du même cancer, était suspendu. J’étais vraiment laissée à moi-même.

J’ai donc commencé à faire beaucoup de recherches. C’est comme ça que j’ai découvert Myélome Canada. J’ai contacté l’organisme à plusieurs reprises pour obtenir de l’information et j’ai également parlé à Michelle Oana (directrice du développement et des relations communautaires). Je lui ai fait part de ma frustration, car à part elle et Myélome Canada, je n’avais personne à qui parler pour obtenir de l’information et du soutien.

Michelle m’a demandé si j’étais intéressée par la création d’un groupe de soutien et m’a expliqué les étapes pour organiser une activité « Accueil et rencontre » à Surrey, neuf mois seulement après ma greffe de cellules souches. Quarante-cinq personnes ont assisté à la réunion dans mon pavillon. Le Dr Jesse Shustik, mon oncologue, était le conférencier invité. Ce fut tout simplement merveilleux!


La séance nous a amenés à créer le groupe de soutien aux personnes touchées par un myélome de Surrey et les environs, car il n’existait alors aucun groupe de soutien dans le Lower Mainland. 

De gauche à droite : ma belle-sœur, ma nièce, ma sœur et moi après ma greffe de cellules souches en 2017.

Je suis très fière du travail que nous avons accompli pour permettre la tenue de cet événement. Je ne voulais pas que d’autres vivent la même chose que moi.

Par conséquent, ce qui m’a vraiment aidé à faire face à la situation, c’est d’avoir pris contact avec Myélome Canada, d’avoir organisé une rencontre et d’avoir créé le groupe de soutien de Surrey. C’est ce qui m’a réellement permis de m’en sortir. Je savais que je n’étais pas seule, qu’il y avait d’autres personnes à qui parler et que je pouvais simplement redonner.


Je me suis dit : « Je suis en vie, je vais bien et je ne veux pas que d’autres personnes traversent cette épreuve seules ».

Pour moi, faire partie d’un groupe de soutien est l’une des choses les plus importantes lorsque l’on doit vivre avec cette maladie. Il est important de savoir que nous avons des gens avec qui communiquer et échanger. Chacun suit un traitement différent, ce qui nous permet de poser des questions et d’apprendre les uns des autres.

Je sais ainsi que je ne suis pas seule dans ce combat. J’ai le soutien et les informations dont j’ai besoin pour rester forte. Cela fait toute une différence de pouvoir partager vos histoires et vos expériences, et discuter des effets secondaires avec des personnes qui peuvent vous comprendre. Cela permet également d’enlever un poids à votre famille. Quels que soient les efforts faits par votre conjoint ou les membres de votre famille, ils ne pourront jamais comprendre ce que vous vivez aussi bien que les autres personnes atteintes de la même maladie. 

Moi et mon chien

Les réunions du groupe de soutien permettent aussi à nos partenaires de rencontrer et de communiquer avec d’autres personnes dans leur situation. Le soutien que nous recevons les uns des autres est incroyable et a même donné lieu à des amitiés se poursuivant en dehors du groupe. 

Aujourd’hui, le mot qui me vient toujours à l’esprit est « Reconnaissance ». Je suis reconnaissante pour les soins de santé que j’ai reçus depuis mon diagnostic. Les infirmières, les médecins et le personnel de l’hôpital sont tous merveilleux et se sont bien occupés de moi.

Ma greffe de cellules souches a été un franc succès et m’a permis de rester en rémission pendant 3 ans. J’en suis extrêmement reconnaissante. J’ai fait une rechute en février 2019; on m’a alors prescrit le daratumumab et je prends aussi du lénalidomide tous les 21 jours. Je ressens de la fatigue, mais dans l’ensemble, je me porte bien.


Je suis reconnaissante d’être en vie, d’être avec mon mari, ma famille et mon chien.

Moi et mes neveux il y a 10 ans

Je suis reconnaissante qu’il existe des options de traitement pour moi, afin que je puisse continuer à bien vivre ma vie.


Je suis également reconnaissante envers mon groupe de soutien et envers Myélome Canada. Lorsque vous participez au Sommet des leaders de groupes de soutien, vous rencontrez des personnes atteintes d’un myélome depuis 15 ans, 25 ans… Ça vous donne de l’espoir. Le groupe a l’occasion de s’éduquer à l’aide de webinaires, d’obtenir de l’information sur les nouveaux traitements… c’est du renforcement positif.

Le Sommet des leaders de groupe de soutien en 2019, à Québec (QC).

Je suis reconnaissante de participer à la Marche Myélome Multiple qui se tient annuellement et de contribuer à amasser les fonds nécessaires pour la recherche sur le myélome. L’année dernière, j’étais encore en mode protection, alors George et moi avons décidé de ne pas participer à la Marche de Burnaby. Mais nous n’avions pas envie de rester les bras croisés. Nous avons donc fait notre propre Marche. L’une des actions les plus importantes que nous pouvions accomplir était d’amasser des fonds pour Myélome Canada pour le développement de nouveaux traitements et de faire avancer la recherche sur le myélome. 

Moi et George participant à la Marche Myélome Multiple

en 2021.

George et moi avons récemment déménagé à White Rock, en Colombie-Britannique, et nous nous sentons prêts et enthousiastes à l’idée de participer à la Marche de la région en octobre prochain. C’est une excellente façon de redonner, de sentir qu’on fait partie d’une plus grande communauté et de rencontrer de nouvelles personnes. Mais surtout, les Marches permettent de contribuer de façon importante aux avancées de la recherche et de plaider en faveur d’un meilleur accès aux nouveaux traitements qui nous permettent de vivre plus longtemps.

Mon amie Nicole et moi en 2012.

Tout au long de la pandémie de la COVID-19, nous avons été très restrictifs et diligents, et ça a été très difficile. Je suis une personne très sociale. J’aime jouer au pickle ball, voir mes amis et sortir. Quand on a un cancer, on veut vivre sa vie! On ne veut pas perdre de temps.


Maintenant, nous ne sommes plus aussi isolés qu’avant, mais nous limitons toujours notre exposition et nous accueillons nos amis et notre famille dans notre solarium à l’extérieur. Nous sommes aussi prudents que possible. J’ai envie de voyager à nouveau, mais je ne suis pas tout à fait prête, alors nous n’allons pas trop loin pour le moment et continuons à faire attention.

Mon conseil pour rester fort et positif? Impliquez-vous! Redonnez! Partagez votre histoire. S’il n’y a pas de groupe de soutien dans votre région, créez-en un (adressez-vous à Michelle pour savoir comment procéder). Participez à une Marche Myélome Multiple dans votre région ou organisez la vôtre. Aidez les autres… cela vous aidera aussi!

 

Restez positif et impliquez-vous,

Kundan

Note du rédacteur : Nous espérons que vous apprécierez rencontrer nos étoiles de la rubrique « Pleins feux » en 2022 et les autres membres de la communauté de Myélome Canada. La rubrique « Pleins feux » de notre infolettre « Manchettes Myélome » présente le témoignage et les réflexions de membres de notre communauté, qu’ils soient patients, proches aidants ou professionnels de la santé. Les opinions exprimées et partagées sont celles de la personne qui s’exprime. Nous reconnaissons que le parcours et l’expérience de chacun sont différents. 



À vous tous qui avez partagé votre témoignage par le passé, ainsi qu’à ceux qui le font encore aujourd’hui, nous vous sommes reconnaissants… vous êtes une source d’inspiration.  


Si vous souhaitez partager votre expérience dans une prochaine édition de « Manchettes Myélome », veuillez nous écrire à contact@myelome.ca.

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Mission de Myélome Canada : Dans le but d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches, l’organisme favorise l’engagement communautaire à travers différentes actions de sensibilisation, d’éducation, et de défense des droits, tout en appuyant le développement de la recherche clinique qui mènera à la guérison.