Paris, le 6 avril 2017 - Suite à l’attaque de la ville de Khan Seikhoun dans la région d'Idlib, ce mardi 4 avril 2017, près de 500 kilogrammes de médicaments d’urgence destinés à la lutte contre les effets des armes chimiques, ainsi que des équipements de protection complets seront envoyés via la Turquie et distribués par notre ONG, l’Union des organisations de secours et des soins médicaux (UOSSM). Les installations médicales sont débordées par le nombre de patients et non-équipées pour traiter des attaques chimiques d’une telle ampleur, qui ont déjà provoqué la mort de 100 personnes, dont 25 enfants et fait plus de 750 victimes (estimation).
“Le but est la protection du personnel soignant pour permettre la prise en charge des blessés chimiques ainsi que l’envoi de traitements adéquates. Par la suite, l’UOSSM souhaite resensibiliser le personnel soignant à travers la mise en place de nouvelles formations dans ces centres de formation en Syrie. Il faut ’instaurer des protocoles de sensibilisation au sein des hôpitaux” a précisé le Pr Raphaël Pitti, administrateur et responsable de formation de l'UOSSM .
Suite aux attaques, nos médecins, sur le terrain, ont constaté des symptômes caractéristiques à l’exposition à des agents neurotoxiques. En effet, les victimes présentent les symptômes suivants :
• Yeux rouges
• Hypersalivation
• Myosis (pupilles serrées et centrés, pas dilatés)
• Cyanose au visage
• Dyspnée (difficulté respiratoire sévère)
• Asphyxie
“Les attaques au gaz du mardi 4 avril visant les enfants et les civils sont inexcusables et la communauté internationale devrait prendre ses responsabilités pour ces années d'inaction. La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour poursuivre immédiatement ces auteurs de crimes de guerre. Il y a eu plus de 170 attaques chimiques recensées en Syrie depuis l’adoption de la résolution 2118 par le Conseil de Sécurité de l'ONU, en septembre 2013, interdisant les armes chimiques en Syrie. Un investissement massif doit être fait pour préparer toutes les installations médicales contre ces attaques et pour munir les civils d'équipement de protection. Je suis horrifié et malade que ces attaques continuent à se produire chaque semaine.” a déclaré, le Dr Ziad Alissa, président de l'UOSSM France.
Face à l’ampleur de cette attaque, l’UOSSM a besoin d’aide pour soutenir les médecins et le personnel médical en Syrie avec des médicaments, du matériel médical adapté et des consommables médicaux en grand nombre et lance pour cela sa nouvelle campagne de récolte de dons
De nombreux hôpitaux de la région ont été attaqués et mis hors service, ce qui complique considérablement la situation :
Le 3 avril, l'hôpital de Kafer Nabel a été attaqué, un médecin a été tué et l'établissement a été mis hors service.
Le 2 avril, l'hôpital central Maarat Al Nouman, le plus grand et le mieux équipé de la région, a été attaqué et mis hors service.
Les conclusions-clés du Rapport de Surveillance des Hôpitaux Syriens :
Tous les hôpitaux examinés à Alep, Idleb, Lattaquié, Hama, Daraa, Quneitra et Homs ont été atteints au moins une fois par une frappe aérienne directe ou indirecte en 2016. Certains hôpitaux ont été frappés jusqu’à 25 fois. La moyenne est de trois attaques pour un hôpital.
Les trois-quarts des hôpitaux examinés étaient situés dans des bâtiments non destinés à accueillir des infrastructures médicales et étaient en fait des hôpitaux improvisés, mal équipés pour apporter les soins médicaux nécessaires.
Plus de la moitié du personnel dans ces hôpitaux n’avait reçu aucune formation pour répondre à des frappes aériennes, ni pour les documenter, et un tiers du personnel médical n’avait pas d’expérience en sécurité du travail ou en gestion des risques.
Il y a une pénurie alarmante en spécialités médicales comme la chirurgie vasculaire, la neurochirurgie et la chirurgie plastique, ainsi qu’en équipement nécessaire.
Suite à ces constats, l’UOSSM conclue pour la première fois que de nouvelles mesures sont requises en urgence pour protéger les hôpitaux et le personnel de santé contre les frappes aériennes.
Le rapport complet est disponible ici.
Note : la réalisation du rapport de l’UOSSM a été rendue possible grâce aux nombreuses directions médicales et les organisations actives sur le terrain pour sauver des vies.